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Le journaliste masqué

"Nous sommes des enquêteurs, pas des procureurs"

La presse : ce contre-pouvoir indispensable

La presse : ce contre-pouvoir indispensable

Du 21 au 26 mars se déroule la 27ème Semaine de la presse et des médias dans l’école, organisée par le CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des medias d’information). Cette semaine a « pour but d’aider les élèves, de la maternelle aux classes préparatoires, à comprendre le système des médias, à former leur jugement critique, à développer leur goût pour l’actualité et à forger leur identité de citoyen ».

A ce sujet, trois documents publiés récemment méritent une lecture attentive concernant le rôle du journalisme et des journalistes, de leurs droits et devoirs, contre-pouvoir fondamental dans une société moderne qui se veut libre et démocratique.

ACRIMED, critiquable mais indispensable

Le premier document à lire avec intérêt est le texte du collectif ACRIMED, qui, quoi qu’on en pense, apporte sans relâche sa pierre à l’édifice. Toutefois, il est permis de remettre en cause la vision indépassable d’ACRIMED pour qui « la domination des médias par des grands groupes privés favorise une information biaisée, faussement pluraliste et souvent orientée par les intérêts de quelques-uns ». Mais existe-t-il ou a-t-il déjà existé un groupe ou un media 100% indépendant d’un actionnaire privé ou d’une obligation commerciale ?

La vision binaire des choses n’est jamais une bonne manière de poser le débat. Mais ceci reste un point de vue personnel. Le texte d’ACRIMED, quoiqu’intéressant, laisse dubitatif à toujours relativiser les choses. Oui, il faut combattre le conspirationnisme, éduquer à la critique des medias, mais elle doit être totale, radicale selon eux. Il y a une sorte de malaise à aller dans le sens d’ACRIMED car ils disent combattre le conspirationnisme mais tombe – à mon sens, je le répète – dans une ‘paranoïa’ déplacée. Etant donné que tous les medias ‘mainstream’ sont à la main du privé ou soumis au ‘diktat de la pub’, il ne faudrait faire confiance qu’aux medias alternatifs.

« Alternatifs par leur modèle économique, leur rythme de parution, etc. » leur donnent-ils une crédibilité ? Qui sont les journalistes derrière, leur parcours… ? Néanmoins, ce cadrage d’ACRIMED, à l’image de leur production en général, est un apport bienvenu pour qui souhaite améliorer/construire son regard critique dans cette société du tout info.

Rapport 2016 de l’ODI : remarquable

A juste titre intitulé « l’information dans la tourmente », le rapport 2016 de l’Observatoire de la déontologie de l’information est un must read. Après une année 2015 des plus troubles, on saluera le travail critique – et d’autocritique ! – remarquable réalisé par les équipes de Patrick Eveno. L’ODI a cela d’intéressant que l’association interpelle tous les acteurs de cette profession pour les mettre devant leurs responsabilités.

Son président rappelle à juste titre que  « la convergence des médias n’est pas seulement  un  thème  économique,  elle  est  également  la  réalité  actuelle  de  l’information interconnectée  qui  fait  système ; le  rôle  croissant  des  réseaux  sociaux vient  renforcer  cet  effet systémique ; la gestion des relations avec les sources devient plus complexe à mesure qu’elles se diversifient. Déjà relevés l’année dernière [rapport 2015], le durcissement des relations entre les politiques et les médias ou l’effacement des frontières entre information, communication et publicité doivent conduire les rédactions à renforcer leurs défenses déontologiques ». Un rapport dense donc, mais qui a l’avantage de l’exhaustivité sur les devoirs du journaliste : de la syntaxe aux problématiques déontologiques (attention !! Gros mot !!).

Une excellente entrée en matière pour les apprentis journalistes ou un bréviaire (ou un rappel à l’ordre, c’est selon) indispensable pour les plus expérimentés d’entre nous. Car le rapport pointe une vérité à rabâcher : nous sommes dans une époque où les mots sont dorénavant en liberté surveillée.

Mediapart 2008-2016 : une réussite

Mediapart est sans doute le rare media français qui a su convertir une stratégie éditoriale (journalisme d’investigation) et pure player (Internet) en réussite financière. A l’heure où les oraisons funèbres se succèdent (Terraeco, Rue 89…), Mediapart est plus solide que jamais. D’où la question : Mediapart est-il le symbole d’une démocratie qui, quoiqu’on en dise, fonctionne relativement bien ou, au contraire, le symbole de pouvoirs (de droite comme de gauche) démocratiquement élus mais en déliquescence (affaires de corruption, favoritisme, reniement en politique intérieur ou étrangère…) ? Vaste débat.

Avec son rapport 2015, Mediapart fait preuve de transparence, rappelant avoir été autonome financièrement seulement deux ans et demi après le lancement du projet. Ce qui n’est pas rien. Preuve qu’une stratégie éditoriale volontariste fonctionne. Ne disons pas novatrice : Mediapart ne fait ‘que’ du journalisme (ce qu’il doit être) et ce n’est pas faire injure à Edwy Plenel & Co que de le rappeler.

Preuve que Mediapart est une réussite, au-delà des scoops, le journal a su fédérer une large communauté (abonnés, lecteurs occasionnels ou sympathisants) lorsqu’il a dû payer l’amende suite au contentieux fiscal concernant le statut du journal.


Bref, on aime ou on n’aime pas mais ces trois acteurs restent indispensables à la profession et à notre démocratie. Celles-ci se construisent et ne sont pas acquises. De même, ACRIMED, l’ODI ou Mediapart ne sont que les acteurs les plus visibles. En en attendant d’autres, comme Les Jours, le Quatre Heures ou Society… A suivre.

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